L'apiculture comme dispositif d'enchantement

Colloque Apiculture et conscience 2023

Entretiens sur le sauvage - Fondation François Sommer

Bien que par leur dimension sauvage, ces expériences ne puissent être reproduites par un protocole, son analyse des témoignages recueillis révèle tout d'abord un contexte favorisant : avant la rencontre, notamment, une certaine mise en condition par des recherches personnelles sur ce qu'est l'animal et un déverrouillage de l'imaginaire (préparation à la surprise) par une pratique de formes de méditation.

Lors de la rencontre, comment se relier à l'animal sauvage, comment l'appréhender, communiquer avec lui ? C'est par la perception subjective, directe et participative (par la création de sens) avec l'animal, et en refusant ses projections anthropomorphiques qu'il cherchera du sens à l'extérieur de lui (et de ses habitudes mentales) et s'emplira du contenu de l'inconnu qu'il partage désormais inter-personnellement, d'une manière presque mystique, avec l'animal dans un espace intermédiaire, entre l'objectif et le subjectif, où l'animal est lui et moi. Au-delà donc de moments divertissants avec des animaux, ces rencontres appellent à une redéfinition des rapports de l'Homme et du Vivant. Le concept clé, implicite mais pourtant si éclairant, ne serait-il pas celui d'unicité du vivant?

Véronique Servais, psychologue, docteure en arts et sciences de la communication (ULiège), et professeur d'anthropologie de la communication (LASC/FaSS, ULiège) décrit comment, dans une modernité ayant isolée l'homme du reste du vivant (notamment par l'opposition entre nature et culture, du reste aujourd'hui dépassée), la rencontre privilégiée d'un individu avec un animal sauvage peut provoquer, par la phase d'incertitude et d'inconnu qu'elle comporte nécessairement, une invitation au décentrement individuel et à la transformation personnelle : ce qu'elle nomme par le terme laïque d'enchantement.